Fin de crise pour les investissements directs vers l’Espagne?

L’Espagne attire de nouveau les investisseurs. En 2010, les investissements directs étrangers (IDE) ont cru de 41,5% par rapport à 2009, à 23,4 milliards d’euros. Les cessions d’actifs ont par ailleurs baissé de 7,5% par rapport à l’année précédente.  Ces chiffres sont toutefois à relativiser, 2009 ayant été une année particulièrement mauvaise en la matière. Les IDE avaient en effet baissé de 62% par rapport à 2008. En 2010, les capitaux étrangers sont restés inférieurs de 47% à ceux émis en 2008, mais leur progression semblent montrer que l’Espagne suscite à nouveau l’intérêt des investisseurs. Vraiment ? Pas si sûr. L’augmentation des IDE n’est certes pas un mirage mais ses effets ne se répercuteront pas dans les mêmes proportions sur l’économie espagnole. La réalité est que 50% de ces investissements correspondent à des opérations dites ETVE, par lesquelles des sociétés étrangères transfèrent des participations à une entreprise espagnole du même groupe, le droit fiscal espagnol exemptant d’impôts les dividendes procédant d’entreprises étrangères. En augmentation de 174% par rapport à 2009, 11,8 milliards d’euros ont ainsi été transférés vers l’Espagne en 2010 pour des raisons fiscales. L’investissement productif qui, au contraire, a des répercussions positives sur le Produit Intérieur Brut (PIB) recule quant à lui de 1,4%. La Catalogne et Madrid attirent 42,8% de ces capitaux « utiles ». Les Pays Bas, la France et la Grande Bretagne sont les pays qui ont montré le plus d’appétit pour l’Espagne. Les flux de capitaux en leur provenance représentent 56% de ceux perçus par le pays ibérique l’an dernier. Les entreprises de ces pays y ont respectivement engagé 2,5 milliards, 2,1 milliards et 1,9 milliards d’euros d’investissements productifs. En 2009, la France et les Etats-Unis se plaçaient en deuxième et troisième position, derrière les Emirats Arabes Unis. Cette année, ces derniers devraient d’ailleurs à nouveau se démarquer. Déjà à l’origine d’investissements de 3,3 milliards d’euros en 2009, l’Etat du golfe Persique a racheté en février 2011 à Total ses parts dans le groupe pétrolier espagnol Cepsa pour 3,7 milliards d’euros, à travers son fonds d’investissement IPIC. Il prévoit en outre de mettre la main à la poche pour aider à la recapitalisation du secteur des caisses d’épargne à hauteur de 150 millions d’euros. Toujours dans le Golfe Persique, le Qatar semble également prêt à marquer l’année 2011 de son empreinte avec plusieurs opérations. Tout comme son voisin des EAU, l’émirat a ainsi promis au chef du Gouvernement espagnol, José Luis Rodríguez Zapatero, d’engager 300 millions d’euros dans le secteur des caisses d’épargne qui cherchent des fonds pour atteindre un seuil de 10% de capitaux durs. Le Qatar a par ailleurs acquis 6,16% du capital du groupe énergétique Iberdrola pour 2 milliards d’euros en mars. Enfin, la presse espagnole s’est fait écho dernièrement d’un éventuel intérêt de l’émirat pour le groupe de télécommunications Telefónica, sans qu’aucun accord n’ait toutefois été passé. Par ailleurs, de nouveaux acteurs sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important en Espagne, comme la Chine. Le Gouvernement cherche à exploiter les capacités financières du géant asiatique devenu deuxième puissance économique mondiale. Ses investissements en Espagne, de 2,6 millions d’euros en 2009, sont toutefois particulièrement insignifiants, quoique l’agence commerciale espagnole en Chine estime que ces données « ne reflètent pas la complexité de l’investissement chinois ». En janvier 2011, l’Espagne et la Chine ont néanmoins signé un accord qui prévoit la création d’un groupe de travail bilatéral destiné à fomenter les investissements entre les deux pays. Signe encourageant, la banque chinoise Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) a ouvert sa première succursale en Espagne en début d’année. Le secteur des finances et de l’assurance fait d’ailleurs partie des principaux pôles espagnols d’attraction de l’argent étranger, puisqu’il représente près de 13% des IDE. Les autres secteurs les plus alléchants sont, selon Invest in Spain : les Transports et emmagasinage (17% des IDE) ; l’immobilier (17%) ; l’industrie manufacturière (14,8%), et le secteur de l’énergie électrique (11,9%). « Ces secteurs sont d’autre part ceux qui ont historiquement reçu la plus grande attention de la part des investisseurs étrangers », explique l’organisme public dans un communiqué. Reste que le taux de chômage de 20,33%, la croissance zéro de l’économie (le PIB a reculé de 0,1% en 2010), et des prévisions guère réjouissantes pour l’exercice 2011 ne sont pas de nature à attirer les investissements productifs. Toutefois, tout n’est pas perdu : d’après une analyse Invest in Spain, différentes études internationales valorisent en l’Espagne la taille de l’économie, la qualité des infrastructures, et l’éducation. D’autres aspects comme la compétitivité du secteur financier et le niveau d’internationalisation de l’économie sont aussi des facteurs positifs sur lesquels l’Espagne peut compter.
Gaëlle Lucas pour LCE
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